Depuis le début de l’année 2021, le dernier carré du cycle Saturne-Uranus participe aux modifications des rapports de force dans le monde et sollicite des changements chez ceux qui sont sensibles à son cycle.
Un cycle en astrologie, est une période de temps déterminée au sein de laquelle se succèdent les mêmes rapports astronomiques entre deux ou plusieurs planètes.
De même que l’on connait les phases soli-lunaires d’une nouvelle lune à une autre : premier quartier, pleine lune, deuxième quartier, nouvelle lune, de même tout cycle planétaire présente lui aussi ses phases. La conjonction Saturne-Uranus a eu lieu en 1988 en sagittaire, 11 ans plus tard, elle connait son carré croissant, 22 ans après son opposition, puis 33 ans après, son carré décroissant pour renouveler son cycle 45 ans plus tard. En 2021, le cycle Saturne-Uranus en est actuellement à son carré décroissant.
Sur le plan mondial, nous devons à André Barbault d’avoir trouvé et établi les corrélations (1) entre les cycles des planètes lentes et l’évolution de pays, de mouvements politiques ou culturels. Ainsi, a-t-il mis en évidence la relation Saturne-Neptune avec l’évolution du marxisme et l’histoire de la Russie ; Saturne-Uranus avec celle du capitalisme et plus spécifiquement avec l’histoire des États-Unis ; ou Uranus-Pluton avec le Japon, Saturne-Pluton avec la Chine, Israël, la Palestine et le Pakistan. Ou encore Jupiter-Saturne avec l’Europe. Et bien sûr, Jupiter-Neptune qui participe (avec un autre cycle) à l’histoire des républiques françaises.
On notera que la pertinence d’André Barbault, son acuité en matière de cycles (qu’il a complétée avec l’indice cyclique) lui a permis, il y a quelques années, d’anticiper la pandémie que nous vivons depuis fin 2019. Coup de chapeau !
Si les cycles mettent en évidence les rythmes d’une collectivité, ils peuvent aussi rendre compte des étapes individuelles. Yves Lenoble a donc pris le relais pour explorer l’importance des cycles dans un thème natal. On lira avec intérêt son livre : « Initiation à la pratique des cycles planétaires » (2).
Nous ne sommes pas sensibles à tous les cycles planétaires mais à ceux qui se forment ou sont déjà formés au moment de notre naissance et nous imprègnent de leur signature. Par exemple, si Jupiter-Neptune présentaient, dans votre thème natal, un angle ou un aspect entre eux (une conjonction, un sextile, un carré, un trigone, une opposition, voire des aspects mineurs), il est fort probable que vous résonniez au développement de ce cycle lorsqu’il reformera des aspects dans le ciel tout au long de votre existence.
Nous avons plus l’habitude d’étudier les transits (passage d’une planète en aspect de l’un des points sensibles (planètes, angles) de notre thème pour anticiper notre évolution (3). Ces derniers peuvent se manifester de manière inattendue, parfois brutale pour le meilleur comme le moins bon. Ils indiquent des changements dans notre histoire personnelle qui ne sont pas toujours appréciables à la seule lecture de notre thème de naissance
Le cycle est, il me semble, d’abord un trait de caractère qui va évoluer tout au long de notre existence en exprimant différentes facettes de sa symbolique. Ou dit autrement, l’empreinte symbolique d’un cycle auquel nous sommes sensibles, va façonner notre caractère au travers de situations relevant de sa signification. Nous allons vers ce qui nous ressemble.
D’une certaine manière, je dirai que les cycles sont en quelque sorte notre « ADN planétaire » .
Mais revenons au cycle Saturne-Uranus. Si vous avez un aspect entre ces deux planètes dans votre thème natal, vous êtes probablement relié aux rythmes de ce cycle qui s’étend sur une durée de 45,36 ans. Ce peut être une conjonction par exemple si vous êtes né en mai 42 ou en février 88 ; une opposition, si vous avez vu le jour en avril 65 ou en janvier 67 ; ou encore un sextile en septembre 48, un trigone, en janvier 56 ou octobre 57 etc.… (3).
Cette année, Saturne-Uranus aura formé son dernier carré (carré décroissant) avant de terminer son cycle par une nouvelle conjonction (juin 2032), en trois fois : le 17 février, le 14 juin et enfin le 24 décembre 2021.
Comme nous l’avons évoqué plus haut, André Barbault a corrélé Saturne-Uranus avec l’histoire du capitalisme et plus particulièrement avec celle des USA. Mais en ce moment, d’un point de vue géopolitique, on ne peut pas dissocier l’évolution de Saturne-Uranus avec celle de Saturne-Pluton ( en rapport avec la Chine) dont la conjonction s’est faite en janvier 2020 ; ni celle de Jupiter-Saturne (en relation avec l’Europe), dont la conjonction s’est réalisée en Décembre 2020
Très globalement, on voit bien que ce dernier carré de Saturne-Uranus bouleverse la politique et l’économie des USA. Entre les excès de Donald Trump qui ont provoqué des fractures intérieures dans le pays et le retrait de l’Afghanistan, l’Amérique semble perdre son hégémonie. Elle ne veut plus être le gendarme du monde et cherche à se reconstruire. Sa stratégie offensive semble se dissoudre, permettant à la Chine (Saturne-Pluton) de prendre la place qu’elle ne veut plus occuper (Afghanistan).
L’Europe (Jupiter-Saturne), quant à elle, est dans les balbutiements d’une probable reconstruction ou d’un renouvellement qui la sortirait du carcan dans lequel elle s’est constituée et cherche à trouver sa position entre la Chine et les USA avec lesquels, elle partage Saturne.
La symbolique de Saturne-Uranus s’applique autant au domaine géopolitique qu’individuel.
Si Uranus exprime l’intuition, la libération, la créativité, l’innovation, Saturne renvoie à la rationalité, la stabilisation, la permanence, le conservatisme. Uranus participe de l’utopie, Saturne du réalisme. Uranus, de l’avenir, de l’aventure, de la démesure, de l’exaltation, de la transgression, Saturne évoque le passé, les repères sécurisants, l’attachement aux acquis, à la sécurité, la contrainte, voir le sacrifice
Le retrait de Kaboul exprime cette contradiction entre l’ambition (Uranus) et le désarroi, voir l’impuissance (Saturne) américaines. La crise afghane est l’expression d’un conflit entre la supériorité militaire américaine et la foi conservatrice, la ténacité des Talibans.
On discutera longtemps de savoir si Joe Biden a bien fait de choisir les valeurs politiques du réalisme (Saturne) contre celles de la conquête aventureuse (Uranus). Sensible à la lassitude des américains, il a écouté les voix saturniennes. Il a opté pour les intérêts américains (Saturne) au détriment de leurs valeurs uraniennes. Il a probablement pris conscience que la démocratie n’est pas un système exportable par la force et qu’il ne faut pas en faire un « messianisme » (Uranus), mais laisser les peuples disposer de leur destin (Saturne)….
On pourrait décliner longtemps la contradiction entre Uranus et Saturne pour interpréter la débâcle de Kaboul. Certes, Saturne n’oblige pas à un tel lâcher prise avec, semble-t-il, un manque d’organisation et une perte de responsabilisation. Mais le carré entre ces deux planètes accentue la dualité qu’elles génèrent et peut provoquer une crise qu’il est parfois bien difficile à maitriser.
Sur le plan individuel, le carré Saturne-Uranus nous renvoie à un conflit psychologique de même nature que celui que nous observons sur le plan géopolitique. Mais évidemment, la réponse à ce conflit dépend de la personnalité de chacun et donc du reste de son thème. D’après Yves, elle dépend aussi de la nature de l’aspect entre Saturne et Uranus qui se trouvait à la naissance.
Ce peut-être la difficulté à réaliser un projet compte tenu de nos responsabilités ou à cause d’obstacles extérieurs. Le besoin de de se libérer d’une situation, d’une contrainte pour retrouver notre liberté d’agir, de créer ou d’innover, afin de donner un nouveau sens à notre vie qui est empêché par nos devoirs ou nos engagements.
Nous nous sentons appelés par de nouveaux horizons « sans filet de sécurité » alors que notre situation actuelle nous assure des ressources, à priori, stables.
Mais d’une autre manière, ce peut-être la sécurité saturnienne qui présente des failles, qui craquelle alors que le projet uranien n’est pas encore élaboré.
Pour ceux qui sont reliés à Saturne-Uranus, la situation n’est pas confortable et provoque souvent un sentiment d’impuissance qui peut être fatigant et donne envie de se replier sur soi. Ni l’orientation vers les valeurs uraniennes, ni vers celles de Saturne ne sont convaincantes. C’est le propre de toute crise.
Une seule solution : attendre et comme on dit en psychologie : « tenir le conflit ». Laisser murir afin qu’advienne un troisième terme qui peut être une troisième solution ou une solution non encore élaborée qui tient du projet uranien et de la sécurité saturnienne.
La réponse se trouve au sein de notre intériorité. Mais quoi qu’il en soi, le cycle Saturne-Uranus est annonciateur d’un changement en profondeur qui marque une nouvelle étape dans l’existence.
A l’expérience, on voit des individus qui changent d’entreprise, d’activité ou de métier, qui partent à l’étranger, qui se marient ou marient un de leurs enfants, qui réalisent un rêve qui leur tenait beaucoup à cœur depuis de nombreuses années… Bien souvent, on passe d’un comportement extraverti à un comportement introverti, ou inversement. On transfère son énergie des valeurs saturniennes aux uraniennes, ou inversement. Le caractère épouse une autre facette de la symbolique saturno-uranienne, le comportement change, les envies, le désir, les intérêts se transforment et la projection de notre psyché s’oriente vers de nouvelles activités.
Dans ma pratique de l’étude des thèmes individuels, j’étudie les cycles et les transits et j’interprète ces derniers en tenant compte de la phase de cycle dans laquelle se trouve l’individu.
- Notamment, « Les cycles et l’histoire », André Barbault chez Jean-Jacques Pauvert 1967
- « Initiation à la pratique des cycles planétaires », Yves Lenoble. Edition de l’ARRC. Se renseigner auprès de l’auteur.
- Il y a bien sur d’autres techniques, comme les Directions, la révolution solaire, les lunaisons…que nous ne pouvons toutes évoquer ici.
Solange de Mailly Nesle